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« Du reste on ne peut pas prétendre atteindre à une grande vitesse ; elle ne sera que trois ou quatre fois plus grande que celle d’une locomotive ! » (Landur.)

Rien d’audacieux comme un mathématicien dans l’absurdité : il la voit, il la sent, qu’importe ? il ferme les yeux, il va en avant, sans crainte, sans peur, avec une superbe indifférence pour le résultat auquel il arrive. Tous sont prêts à répéter avec Maupertuis : Hoc quidem verùaîi videtur minus consentaneam. Quidquid verosit huic calculo potius quam nostro judicio est fidendum. « Cela ne paraît pas pouvoir être vrai. Mais quoi qu’il en puisse être, il faut mieux en croire le calcul que notre jugement. »

Carnot veut connaître les chances diverses qu’on a de toucher une cible. Le calcul lui révélant que la plus grande est pour une balle tombant au hasard, il prescrit aux soldats de tirer en l’air.

M. Foucou a publié dans la Revue parisienne un travail sur le vol des oiseaux. Ce travail est très-étudié, il repose sur des calculs, et il arrive à des résultats dans ce genre : soixante-quinze martinets ont la force d’un cheval vapeur.

Soixante-quinze martinets avoir la force d’un cheval vapeur ! Le moindre moutard qui aura observé ces oiseaux, qui en aura tenu dans ses mains, qui aura résisté à leurs efforts pour se sauver, comprendra parfaitement que chacun d’eux n’a pas la force d’un soixante-quinzième de cheval vapeur.

Mais M. Foucou est encore bien modeste : Navier et autres savants prétendent que l’aigle est de la force de vingt-six chevaux (i). Borelli a calculé que les muscles de l’oiseau excédaient dix mille fois son poids ; M. André prouvait, il y a quelque temps, que le cygne avait la force de dix chevaux de trait. Mais qu’importe ? les mathématiques l’ont dit, il faut le croire.

(1) M. d’Esterno, se fondant sur des observations, a calculé que son erreur était de 38 p. 100.