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Voici ce que disait Jobard, en 1841, à propos des instruments de Sax dans un rapport sur l’exposition de l’industrie française :

« Il a découvert des lois qu’aucun traité d’acoustique n’a pu lui enseigner : car, il faut l’avouer, les savants n’ont été que de peu d’utilité en la facture. Leurs théories du son et leurs calculs n’ont jamais pu les guider dans le percement des tubes extracylindriques. Les facteurs préfèrent s’en rapporter aux tâtonnements répétés et à leur instinct plus ou moins développé, que de pâlir en vain sur des équations algébriques auxquelles il manque tant d’éléments indispensables. »

Mettez, en effet, un mathématicien en face d’une question pratique et vous verrez comment il s’en tirera. Il connaît la résistance des matériaux, il consulte les tables, il a appliqué toutes les mathématiques pures et transcendantes au calcul des équilibres. Ainsi préparé, on lui donne un pont à construire et il se met à l’œuvre. Son pont s’écroule : c’est l’histoire du pont des Invalides.

Voici ce que me racontait, il y a quelque temps, un entrepreneur.

Il est chargé de la construction d’un grand établissement public. Les ingénieurs lui donnent telles et telles données. Il connaît son métier, ne les contredit pas, mais se garde bien de suivre leurs plans. Il arrive à une réussite complète et les autres n’y voient que du feu.

Une sérieuse étude et qui n’a guère été faite, c’est celle de l’influence des mathématiques sur l’esprit humain.

« Bête comme un mathématicien, » c’est un vieux proverbe connu de tout le monde, et si jamais proverbe fut vrai, ce fut celui-là.

Un des plus vieux exemples de cette influence nous est offert par Maupertuis.

Maupertuis, de calcul en calcul, en arriva à proposer une ville où on ne parlât que latin, — à vouloir endormir