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taient redressées par l’expérience, elles se tromperaient ; la vérité absolue est dans le lait, non dans le chiffre. Elles n’ont aucun moyen supérieur de discerner le faux du vrai, elles mènent également à l’un et à l’autre ; le chiffre, comme le syllogisme, est un instrument qui fonctionne bien, s’il est dirigé par un bon jugement. »

Bernard Palissy l’avait dit depuis longtemps dans une discussion à laquelle il fait se livrer des instruments de géométrie et des arts. C’est à qui triomphera du compas ou de la règle : puis l’aplomb et le niveau viennent rabaisser l’orgueil des premiers. Palissy s’évertue alors à leur prouver qu’ils peuvent certainement être excellents, que leur mérite personnel peut être immense ; mais qu’avant toutes choses, ils dépendent de la main qui les emploie, et que si celle-ci est maladroite, ils ne feront rien de bien.

Que les mathématiciens se le disent ! qu’ils réfléchissent aussi à ces paroles de M. de la Landelle :

« En fait de mécanique, je me défie fort des calculs qui ne sont pas fondés sur des expériences préalables. Les observations astronomiques ont précédé de fort loin les calculs sur la mécanique céleste. Et cependant, que d’erreurs ont, de siècle en siècle, relevées les astronomes en basant des calculs nouveaux sur des observations nouvelles. Et en fait d’applications industrielles, lorsque l’expérimentateur qui voit et qui observe seul est sujet à mal voir et à conclure au rebours de la réalité, faute d’avoir tenu compte d’un détail, comment un mathématicien raisonnant par hypothèse et par inductions, n’omettrait-il pas quelque coefficient qui, multipliant ou divisant le résultat définitif, le rendra beaucoup trop fort ou trop faible, beaucoup moins favorable ou radicalement faux. »

C’est pour le même motif que Robertson dit : « Nulle évidence mathématique. »

Bacon avait dit aussi, longtemps avant lui :

« Je ne sais en effet par quel hasard les mathématiques