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Oh ! les systèmes ! les systèmes ! Que Voltaire avait bien raison d’être furieux contre eux ! Dès qu’un homme s’attache à un système, il devient aveugle. Il a peut-être tout d’abord été guidé par la raison. Mais le système s’empare ensuite en maître de cette raison, il ne la laisse plus libre un seul moment ; elle ne peut plus secouer son joug ; elle doit plier, se faire petite, rampante, ne croire que ce qu’il veut, ne voir que ce qu’il voit, rejeter même l’évidence, fût-elle frappante, s’il l’ordonne.

Que les savants feraient bien de méditer profondément ces paroles de Harvey, qui sont si vraies :

« La science des réalités n’est-elle pas assez difficile ? n’est-elle pas assez longue ? Faut-il y ajouter l’étude de nos rêves et la contradiction de nos suppositions ? »

Je livre encore cette maxime d’Ed. Laboulaye à leurs méditations :

« Les paradoxes de la veille sont les vérités du lendemain. »

« Celui qui s’enorgueillit dans une négation cynique est insensé ou pervers, » a dit G. Sand.

Cessez donc, savants, de croire vos systèmes infaillibles et en leur nom d’arrêter le progrès : cessez d’entraver la marche du monde, de rebuter, de décourager, de persécuter les inventeurs pour satisfaire un vain amour-propre ; craignez que le lendemain du jour où vous aurez rejeté une invention parce qu’elle est en contradiction avec un de vos systèmes, on ne dise : Non-seulement il s’était trompé, mais encore il fut de mauvaise foi...

V

Autrefois, l’école avait le syllogisme ; vous savez à quelles belles absurdités on arrivait avec le syllogisme ; vous connaissez tous celle-ci, qui, quoique non scientifique, n’en