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même si sympathique pour lui, qu elle ne puisse agir autrement qu’il ne fait.

Mais l’homme ne voit-il donc pas que les choses les plus simples sont le plus souvent en contradiction avec ses théories : Posez ce problème, par exemple :

« Étant donnée une source courant au bas d’une hauteur, sans autre appareil qu’un tuyau de conduite garni de deux soupapes, forcer les eaux à s’élever d’elles-mêmes jusqu’au sommet. »

Eh bien ! au premier regard, n’est-il pas absurde, chimérique ; n’est-il pas contraire à une des lois fondamentales de la mécanique, l’égalité du niveau des liquides placés dans deux vases communiquants ? Certes.

Et cependant les deux soupapes que vous ajoutez à ce tuyau renversent cette loi, et vous avez, grâce à elles, le bélier hydraulique.

Pourquoi donc être si fiers de ce que nous savons, quand chaque jour nous découvrons quelque chose qui vient renverser nos assertions précédentes ?

C’était un fait bien avéré et bien reconnu que tous les poissons étaient ovipares. Or voici que M. Jakson pèche, en Californie, un poisson vivipare. Il l’envoie à M. Agassiz, et celui-ci confirme complètement sa découverte.

Mais il faut voir l’acharnement des savants contre ces faits que tout le monde connaît, qui sont pour les bonnes femmes un article de foi et que les ignorants répètent ; leur orgueil leur défend de les admettre, et il faut l’autorité d’un grand nom pour oser glisser jusque dans l’Académie que la voix du peuple pourrait bien être dans ce cas la voix de Dieu. Ainsi à propos des aérolithes, appelés pierres du tonnerre, que l’on niait, dont on riait, voici ce qu’un jour Arago a fini par dire :

« Sans vouloir assurément réveiller les idées surannées touchant les pierres de tonnerre, je dirai qu’il n’est point prouvé qu’on doive rejeter comme mensongères toutes les