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possible. » Au nom de cette vérité scientifique, l’Académie des sciences repousse le calcul infinitésimal. L’Académie a refusé d’admettre les observations de Pevssonel, sur l’animalité des coraux et des madrépores, celles du général d’Aboville sur la génération des marsupiaux, celles de Chamiso sur la génération alternante de la salpa pinnata.

Les savants disent au moins crûment les choses : si dans leur monde, le duel était en usage pour venger tous les démentis, quelle moisson de savants !

Volta du reste a fait encore mieux ; il voit une expérience et dit : « J’ai vu, mais je n’y crois pas.» Un savant est plus incrédule que saint Thomas quand la théorie le lui ordonne.

Voici une conversation que rapporte M. Vict. Meunier, qui vous édifiera complètement à ce sujet. Cette conversation eut lieu entre lui et M. Dupuis, au sujet d’un mémoire que ce dernier avait déposé à l’Académie et portant ce titre : Discussion du paradoxe hydrostatique et expérience faite à cette occasion.

(C’est M. Dupuis qui parle.) « Une commission fut nommée, elle se composait de MM. Cauchy, Poncelet, Pouillet et Despretz. J’allai voir M. Cauchy. Dès que je lui eus exposé l’objet de ma visite : — Le fait que vous annoncez est impossible, me dit-il. — J’ignore s’il est impossible, répondis-je, mais je sais qu’il est vrai. — Non, cela ne se peut. Vous êtes en contradiction avec un principe établi par Pascal. — Du moins venez voir l’expérience. — Je n’irai pas. Cherchez des gens qui aient le temps de se déranger. D’ailleurs j’ai remis votre note à M. Despretz.

«J’arrive chez M. Despretz. Il me regarde d’un air moqueur. Je lui dis : — Ah ! je sais ce que vous allez me répondre, mais je ne vous demande qu’une chose, veuillez examiner le fait. — Nous verrons, dit M. Despretz. Cela n’est pas pressé, nous avons bien le temps. » Je le quittai sans avoir pu obtenir un rendez-vous.

C’est bien cela : il y a deux siècles un homme proclame