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fabriques de travailler en telle saison. Par ordonnance du 28 juin 1723, toutes manufactures de toiles à carreaux et rayées, siamoises, fichus, steinkerque, à l’exception de celles de la ville de Rouen, cesseront, chaque année, toute fabrication, depuis le 1er juillet jusqu’au 15 septembre. L’ordonnance du 20 février 1717 défend de blanchir les toiles et linons avant le 15 mars et après le 10 octobre, sous peine d’une amende de 500 livres, portée, par l’arrêt du 24 août de la même année, à 1,500 livres.

Que pouvait faire, au milieu de tout cela, un pauvre protestant comme Denis Papin ? S’exiler, aller chercher ailleurs un pays où il pût travailler et trouver une protection.

Ce pays était l’Angleterre.

D’abord elle fut remplie aussi, elle, de corporations dont l’établissement était considéré comme une prérogative royale et un revenu du fisc. Elles avaient le même esprit d’exclusion qu’en France. Quand Édouard III appela les ouvriers flamands pour établir des fabriques de draps fins, ce ne fut pas sans peine qu’il parvint à les protéger. Rien de plus tyrannique que les statuts de ces corporations. Sous Élisabeth, il fut ordonné que nul ne pourrait exercer un métier avant d’avoir fait un apprentissage de sept années ; heureusement que les villages furent exceptés de cette rigueur, le règlement n’étant applicable qu’aux villes de marché. L’ouvrier ne devait faire qu’une chose, il était condamné perpétuellement à toujours tourner la même meule. Que les spécialistes doivent regretter le bon vieux temps où un ouvrier en carrosses ne pouvait faire faire les