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J’aimais encore mieux le système des anciens. Au moins eux ne rejetaient pas le fait sous prétexte qu’il était contre les règles imposées par eux à la nature.

Des démentis nombreux, dans le genre de celui que je viens de signaler, donnés aux savants par la nature qui n’avait pas tenu compte de leurs négations, ne les empêchent pas de poursuivre le même système.

Cependant on pourrait leur adresser une toute petite question, avec toute l’humilité qu’un pauvre mortel doit éprouver devant les immortels :

— Pourquoi, Messieurs, puisque vous êtes infaillibles, vous envoyez-vous donc chaque jour de lourds pavés à la tête et vous adressez-vous réciproquement les démentis les plus formels ?

Commençons par vous, Messieurs les médecins, qui êtes les plus exclusifs de tous, les plus orgueilleux et qui, de plus, non-seulement avez le privilège de nier une invention et une découverte, mais encore celui de la faire déclarer pernicieuse de par les tribunaux, et de faire condamner ceux-là qui l’apportent, à quelques années de prison. Etes-vous bien sûrs de ne jamais vous tromper ? N’avez-vous jamais erré ? Etes-vous toujours d’accord entre vous ? Et voyons un peu ce que pensent de votre science ceux de vos confrères qui ont eu le courage de dire la vérité.

Commençons par Bichat, qui, pour n’être pas docteur, n’en était pas moins savant :

« La matière médicale est, de toutes les sciences, celle où se peignent le mieux les travers de l’esprit humain. Que dis-je ? ce n’est point une science... C’est un mélange infâme d’idées inexactes, d’observations souvent puériles, de moyens illusoires, de formules aussi bizarrement conçues que fastidieusement assemblées. On dit que la pratique de la médecine est rebutante, je dis plus : elle n’est pas, le plus souvent, celle d’un homme raisonnable, quand on en puise les principes dans la plupart de nos matières médicales. »