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est impossible. Alors, M. Velpeau fait une petite concession : il permet à M. Vriès de franchir le seuil de l’hôpital de la Charité dont il est dictateur ; il lui livre 16 cancéreux dont les médecins ont désespéré ; M. Vriès les accepte et répond de leur guérison au bout de six mois ; là, Velpeau proclame lui-même « qu’il lui paraît loyal et convenable de n’en rien dire avant de les avoir suivis jusqu’au bout. »

Et au bout de deux mois, M. Velpeau, manquant à l’engagement qu’il a pris, manquant de loyauté et de convenance, c’est lui-même qui le constate, chasse honteusement M. Vriès de l’hôpital, et rend un ukase académique par leque il déclare qu’il est sûr que le médecin noir ne peut guérir les malades qui lui ont été confiés, qu’il n’est qu’un charlatan et un fou, passible maintenant des tribunaux et indigne de l’attention de la science. Et comment M. Velpeau pouvait-il être sûr que M. Vriès ne pouvait guérir ses malades, puisqu’il l’a arrêté au milieu de son traitement ? Et n’est-ce pas avec raison que M. Vriès lui disait : « Vous m’avez manqué deux fois de parole, monsieur : une première fois en me promettant six mois et en ne m’en accordant que deux ; une seconde fois en vous engageant solennellement en plein amphithéâtre, à ne pas chercher à connaître mon secret et même à ne pas me le demander, tandis que vous avez fait analyser mes pilules, comme si vous aviez pu croire qu’un homme de ma race ne prendrait pas ses précautions et vous laisserait autre chose que l’accessoire de son moyen. »

Ce sont des soufflets dont l’empreinte reste sur la joue qui les a reçus. Certes, cette lutte du docteur noir contre l’Académie de médecine sera aussi curieuse que la lutte de Renaudot contre la Faculté.

A côté des questions spéciales se trouvent les questions d’honneur, qu’il est permis à tout le monde déjuger ; et, en face de ces faits, je ne crois pas qu’il soit difficile de deviner de quel côté est la loyauté. Faut-il avoir foi aux