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serges et ratines du Dauphiné. Les étrangers refusent de les prendre. Ce ne fut qu’en 1698 qu’on permit aux fabricants de revenir à l’ancienne largeur. Pendant vingt-neuf ans, cette industrie avait donc été condamnée à perdre tout ce qu’elle exportait auparavant.

Mais ce n’est pas tout encore : l’homme est aussi réglementé que la chose! Avaient seuls droit de fabriquer et de vendre tels, et non tels autres, dans tels lieux, et non ailleurs. Hors les sergiers et drapiers, nul ne pouvait tisser des étoffes, sous peine de 150 livres d’amende.

Défense aux teinturiers en laine de teindre la soie et le fil , et vice versa. Cordonniers et savetiers, libraires et bouquinistes, bouchers et charcutiers, barbiers, chirurgiens et barbiers vulgaires, fripiers et tailleurs, elc, etc., étaient perpétuellement en guerre, sous prétexte qu’ils empiétaient les uns sur les autres.

La religion s’en mêle : nul ne peut être apprenti s'il n’est catholique...

L’âge est réglé de même.

L’homme marié ne peut apprendre un état.

Défense aux étrangers d’importer leur industrie en France. Bien plus même, pour la fabrication de Lyon, par exemple, l’apprenti devait être né à Lyon, dans le Forez, le Beaujolais, le Bourbonnais, la Bresse, le Bugey, l’Auvergne ou le Vivarais, et non ailleurs. De même, chaque industrie a des villes assignées, hors desquelles elle ne peut s’établir. Le compagnon ne peut arriver à la maîtrise dans une autre ville que celle où il a fait son apprentissage.

Le temps du travail est limité. Défense à certaines