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acharné en M. Velpeau qui la pratique maintenant. Piorry invente la plessimétrie et est traité de fou. Le traitement de l’angine par la glace, malgré tous les succès qu’il a remportés, n’a été adopté qu’avec les plus grandes difficultés, par les médecins français.

En 1828, une lettre de M. Hickman, médecin anglais, annonçant qu’il avait trouvé le moyen d’obtenir l’insensibilité chez les opérés, ayant été communiquée à l’Académie de médecine, fut, malgré l’opinion de Larrey, fort mal accueillie, et on refusa d’y prêter un seul moment d’attention. Il fallait que les malades se résignassent à souffrir ; voilà l’avis unanime. Tous ceux qui vouaient arracher l’humanité à la douleur étaient condamnés d’avance. On ne les traitait plus de sorciers ; le temps en est passé, on les traitait de charlatans et de fous. M. Velpeau, qui est habitué à regarder les nouveautés comme des chimères, n’avait garde de faire grâce à celle-ci. Quand les expériences de Jobert et de Malgaigne eurent réussi, il invoqua contre l’éthérisation l’effet stupéfiant qu’elle pourrait produire sur les malades. Il finit cependant par se convertir ; mais Magendie, qu’on eût pu appeler le bourreau des chiens, n’était pas plus tendre pour les hommes ; il protesta « contre des essais imprudents au nom de la morale et de la sécurité publique » et vanta « l’utilité de la douleur. »

Il faut être médecin pour se figurer que le mal est bien et que le malheureux à qui on coupe une jambe doit se réjouir de sentir tailler ses chairs et scier ses os. N’est-elle pas magnifique cette unanimité de médecins, moins un, pour repousser un des plus grands bienfaits qui aient été donnés par notre siècle à l’humanité. La suppression de la douleur ! Admirez la splendeur de l’argumentation qu’on dirige contre elle.

Qui sait, si, il y a quelques années, l’Académie fie médecine, en faisant condamner le docteur Vriès comme un charlatan, n’a pas commis un autre crime de lèse-humanité ? Du