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La Condamine seul essaya d’en montrer le mérite. Mais La Condamine était un voyageur, un homme qui n’était pas tout entier absorbé par de vaines hypothèses, aussi sa voix n’était-elle guère écoutée. De plus ou ne l avait admis dans le temple qu’avec la plus grande difficulté, sous prétexte qu’il était devenu sourd au service de la science. Ils ne veulent pas, les bous académiciens, que 1 Institut soit un hôtel des invalides de la science ; malheureusement il est situé sur la rive gauche et il a un dôme, et ceux qui habitent les deux palais ont le même respect pour le passé, la même aversion pour le présent.

Comme tous ces vieux hommes sont ennemis des lumières ! Quand Windsor proclamait les avantages de l’éclairage au gaz et voulait le faire adopter, les savants se liguaient contre lui. Il avait d’abord trouvé cet esprit d’opposition en Angleterre ; après en avoir triomphé là, il le retrouva en France. Que ne prétendait-on pas ? les houilles du continent seraient impropres à produire le gaz ; les tuyaux souterrains qui le conduiraient pourraient faire sauter Paris ; il empêcherait la végétation... Le câble transatlantique met en communication le nouveau monde et l’ancien, en dépit des négations : M. Cabinet, furieux de ce succès, s’écrie vite qu’il ne durera pas six mois !

Passons maintenant aux négations des docteurs de la docte Faculté. Nous avons déjà parlé de leur orgueil, de leur esprit d’exclusion dans le paragraphe précédent. Voyons maintenant quelles conséquences en résultent.

Voici une histoire assez curieuse que raconte M. Edouard Fournier. L’épicier Garus débitait sous la régence la grande panacée qui n’était autre que l’élixir de propriété de Paracelse. « La duchesse de Berry, fille du régent, tomba malade et fut bientôt à toute extrémité. Le> médecins en désespéraient, mais, selon l’usage, ne voulaient, laisser approcher de la malade aucun vendeur de panacée. Toutes étaient, comme aujourd’hui, proscrites sans examen.