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dain. » Il caresse avec amour cette phrase de Renan : « Le dédain est une fine et délicieuse volupté qu on savoure à soi seul. 11 est discret, car il se suffit... » Et il en accable toute novation ! Quel excellent moyen en effet pour tuer un homme ou supprimer une chose 1 Gomme il est sûr et tranquille ! Aussi est-il le mot d’ordre généralement admis par MM. les académiciens.

Et, partant de ce principe, que n’ont-ils pas dédaigné ? Que n’ont-ils pas nié ? Que n’ont-ils pas condamné ? Est-il une seule découverte ou invention qui n’ait pas été traitée d’erreur par un savant juré ? Et pourquoi cette invention était-elle une fausseté ? Oh ! par une raison péremptoire, ils disaient à priori : Gela n’est pas parce que cela n’est pas. Que répondre à cet argument ? Ne soulève-t-il pas toutes les difficultés ?

Vous apportez une communication et vous la lisez : une explosion d’hilarité l’accueille ; comme c’est facile ! comme c’est commode ! comme ça vous démonte un homme ! Ne vous déconcertez pas, cela ne vaut pas la peine. Rappelez-vous Franklin et vous rirez des rieurs.

Quand Collinson lut à la Société royale de Londres les lettres de l’illustre Américain dans lesquelles il exposait sa théorie du pouvoir des pointes, quelle bonne cause grasse pour la digne société ! pointes d’esprit, contre-pointes de fer ; oh ! les bonnes huées ! oh ! les bonnes risées ! et les pauvres lettres ne furent point jugées dignes d’être mentionnées parmi les communications adressées à la société, ni d’être insérées dans les Transactions philosophiques. Elles furent alors publiées à part et en dépit de la fin de non recevoir qu’on leur avait opposée, elles obtinrent un immense succès qui força, en quelque sorte, la digne société d’en prendre connaissance. Mais elle voulut sauver les apparences et avoir les honneurs de la guerre ; le passage qui traitait du paratonnerre fut supprimé à la lecture. Il est vrai que les savants anglais avaient une raison pour rejeter