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Ne pourrait-on pas appliquer à l’Académie ces paroles d’Eugène Pelletan ?

« Vous maudissez, je le sais, ce gigantesque accroissement de vie, qui puise sans cesse dans la nature une force incommensurable, une infatigable destinée. Vous regrettez que la voix humaine parle au delà des horizons visibles pour le regard, à des siècles encore à naître, qui, du fond de leurs ténèbres, l’entendent déjà. Plus l’homme se rapproche de Dieu par une participation de plus en plus grande à l’infini, plus vous êtes tentés de le croire déchu. Vous jetez encore l’anathème à l’arbre de la science, vous déplorez le moyen de l’imprimerie, l’invention de l’imprimerie. Vous imitez l’exemple de Platon. Le sublime rêveur écrivit un jour contre l’écriture, »

Vous, académiciens et autres savants jurés, vous combattez de même au nom de la science. Aussi est-ce en dehors de vous, dans le passé comme dans le présent, que se fait tout progrès. • La vraie et grande renaissance, celle que l’Italie a la gloire éternelle d’avoir fondée, dit Renan, s’est faite complètement en dehors des universités. Bien plus, elle compta dans les universités ses ennemis les plus acharnés, elle ameuta les docteurs de toute espèce. Elle fut l’œuvre de Florence, non de Padoue, dos gens du monde, non des professeurs, ni Pétrarque, ni Boccace, ni Bacon, ni Descartes ne sont des hommes d’Université. L’Université de Paris en premier, au seizième siècle, atteignit le dernier degré du ridicule et de l’odieux, par sa sottise, son intolérance, son parti pris de repousser toutes les études nouvelles. »

Académiciens, on en dira autant de vous dans trois siècles d’ici, vous pouvez en être certains ; mais vous voudriez en vain éviter ce malheur ; vous ne le pouvez pas, vous êtes condamnés à le subir, parce que vous êtes la science officielle, la science réglementée, la science privilégiée, la science bureaucratique, et la science ne peut vivre dans l’at-