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descendre à une fonction aussi basse. C’était un exercice bon pour un manœuvre, un chirurgien barbier. Le maître restait dans sa chaire, tandis que l’autre fouillait le cadavre avec son scalpel. Il en savait, le barbier, souvent bien plus que le docteur ; mais il lui était interdit, de parla loi, d’être savant. Il devait se taire et ne point montrer sa science. « Doctor non sinat dissectorem divagari y sed continent in offtcio disscctanditt. » Plus tard, le professeur Bourdelin terminait chacune de ses leçons par ces mots : « Tels sont, messieurs, les principes et la théorie de cette opération, ainsi que monsieur va vous le prouver par ses expériences. » Alors arrivait Rouelle qui prouvait tout le contraire.

Comme c’est bien digne de ces bons professeurs qui du costume faisaient une affaire d’État. « Nous jurons et promettons solennellement de faire nos leçons en robe longue à grandes manches, ayant le bonnet carré sur la tète et la chausse d’écarlate à l’épaule... »

Nos médecins actuellement, il est vrai, endossent assez difficilement la robe ; ils ne sont pas si pédants, — dans le costume, — mais ils n’en gardent pas moins le même esprit d’exclusion. Voyez le fait qui a eu lieu en 1864, et où, je vous prie ? Dans la Société de chirurgie. Ah ! ses membres ont oublié l’infime position dans laquelle ils étaient tenus jadis. Mais il s’agissait de M. Ozanam , et M. Ozanam est médecin homœopathe : donc sus contre lui ! — Mais dans la communication qu’il demandait à faire, il ne s’agissait pas d’homœopathie ; il n’était question que d’une opération chirurgicale : c’était ce que faisait observer M. Larrey. Qu’importe ? s’écrie un membre. M. Ozanam ne doit pas souiller cette salle de sa présence, et les murs rougiraient d’être les échos de sa voix ! Et on refusa à M. Ozanam l’autorisation de faire sa communication.

Quelle pitié ! et comme on rirait de pareils faits s’ils n’avaient pas des conséquences si graves.

C’est sans doute ce sentiment d’aristocratie qui fait re-