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« Qui eût jamais cru qu’un docteur de Paris eût osé parler si légèrement de ce souverain dictateur de la médecine ? Proh ! Deum immortalium fidem ! Où est la foi, l’honneur, la conscience de cet écrivain ? »

Quant à Galien, voici quelques faits qui prouvent le respect qu’on lui portait. Dans l’antiquité, on ne connaissait qu’un squelette humain. Il était conservé à la bibliothèque d’Alexandrie et on faisait des voyages considérables pour aller le voir. Galion ne parait pas avoir connu d autres squelettes que celui-là. Il est à supposer que les descriptions anatomiques qu’il nous a laissées ont été faites d’après des singes. Qu’importe ? Jusqu’à ce que Sylvius, Mondini et Vésale osassent faire des dissections, on ne connut l’organisation humaine que sur la fui du maître et on ne mit pas un seul instant en doute l’excellence de ses principes, malgré cependant quelques erreurs assez jolies qui devaient se manifester de temps à autre. Mais ce n’est pas tout. Les hommes même qui voulurent expérimenter par eux-mêmes, disséquer des cadavres, les premiers anatoinistes n’en restèrent pas moins sous le joug de Galien. Dubois d’Amiens, par exemple, plus connu sous le nom latin de Sylvius, le seul anatomiste dont les descriptions, bien que trop abrégées, puissent être citées avec éloge, avant Vésale, plutôt que de révoquer en doute l’infaillibilité de Galien, prétendit que la nature s’était livrée à de capricieux écarts. Et tous, tous sont ainsi ; ils ne peuvent se débarrasser des lisières dans lesquelles ils sont enserrés. Ils ont une modestie admirable ; ils aiment mieux croire Galien que se laisser diriger par leurs propres observations. Van Helmont avoue lui-même naïvement qu’il ne comprend pas ce qu’il enseigne, mais il l’enseigne. Aquapendente a entrevu le développement centripète. S’il avait osé poursuivre la voie dans laquelle il s’était engagé, nul doute qu’il n’eût posé ses véritables bases ; mais Galien est là ! et par vénération pour Galien il lâche la proie pour l’ombre.