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accordée encore comme à regret ! Les travaux sont reçus, mais à peine indiqués, encore moins analysés. La correspondance est un fardeau pour le secrétaire (M. Élie de Beaumont) qui s’en débarrasse le plus vite possible. Elle est dépouillée au commencement de la séance, au milieu du bruit de ceux qui entrent, de ceux qui saluent, de ceux que l’air poussiéreux et sépulcral de l’Institut prend à la gorge et force à éternuer, — si bien qu’on n’entend rien, tandis qu’en Angleterre, dans une réunion de deux mille personnes, pas un mot ne se perd. Le compte rendu officiel ne fait nullement mention de ces communications qui, aussitôt signalées, sont enfouies à perpétuité dans les cartons où nul ne peut aller les retrouver. Quant aux journalistes, le moyen de les signaler alors qu’ils ont affaire à un secrétaire dont M. Cazin a pu dire : « La voix lui manque quand il s’agit de nous faire connaître ces mémoires, ces notes, ces lettres, traitant de toutes les sciences, renfermant souvent de précieux renseignements sur leur application. Les noms de leurs auteurs arrivent à peine à nos oreilles, et rarement il nous est possible de savoir les sujets de ces communications qui ont demandé beaucoup d’études, de soins et de peine.»

Quant aux mémoires, plans, projets, etc., que l’Académie est en quelque sorte forcée d’analyser, c’est bien pis. L’Académie nomme une commission ad hoc. Cette commission, loin des regards du public, fonctionne tranquillement, sans se presser,^ quand elle fonctionne : — « Les inventeurs, dit Vacquerie, qui soumettent une idée à l’Institut, sont livrés sans garantie à un tribunal secret et irresponsable, dont aucun public ne juge le jugement. Les découvertes sont jugées à huis-clos, comme les procès indécents. La pensée est une obscénité. »

Aussi, quand après avoir tardé bien longtemps à donner une solution, elles se décident cependant à formuler une opinion, elles trouvent tout simple de rendre un jugement de non-lieu. Puis, comme elles ont les pièces en main, et