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contre la tyrannie des maîtres et en lui permettant d’obtenir plus facilement le degré de maîtrise.

Mais cet édit n’apporta aucun remède au mal ; il déplaça le pouvoir, et ce fut tout : il arracha l’ouvrier au despotisme du maître, non pour l’affranchir, mais pour le soumettre à la domination royale. Celle-ci s’empara de la police du travail, tenant enfermés dans ses règlements les individus et les corporations. Au lieu de laisser les maîtrises former une petite caste héréditaire, elle s’arrogea la prérogative de les créer. Elles ne furent plus, il est vrai, un privilège de naissance ; elles devinrent une faveur royale. Si l’artisan qui voulait arriver au degré de maîtrise n’eut plus à l’obtenir des maîtres, il n’en dut pas moins l’acheter ; payer à ceux-ci ou payer à la royauté n’était pas une grande amélioration dans son sort ; maître pour maître, qu’importe ? C’est toujours l’histoire de l’âne et des voleurs. Il n’y eut réellement à profiter de ce déplacement de pouvoir que la monarchie, pour laquelle le trafic et la création des maîtrises devinrent une excellente exploitation financière dont on ne se faisait faute. Avènement à la couronne, mariages, naissances de princes, de princesses, et ceci et cela, autant de prétextes pour en créer de nouvelles, toutes de faveur, pour lesquelles on n’exigeait pas même le chef-d’œuvre et autres preuves demandées de la capacité du candidat.

Henri IV, par un édit de 1608, sous prétexte de mettre un terme à cet abus, révoqua toutes les créations de maîtrises antérieures à son avènement, et fit fermer les boutiques et ouvroirs de ceux qui en étaient pourvus. C’était une excellente spéculation ; les anciennes maîtrises étant détruites, il fallait en créer de nouvelles : cette exploitation