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savants comme Léon Batista Alberti, comme Léonard de Vinci, comme Michel-Ange ; les savants sont artistes comme Bernard Palissy. Tous se jettent sur cette nouvelle proie, trop longtemps dédaignée, et livrée maintenant à l’activité humaine. Rabelais proclame un nouveau dieu : Gaster, le grand inventeur.

L’industrie, poussée et pressée par la science, fait quelques pas en avant : elle se dégage de la routine du moyen âge ; elle commence, sous l’influence de l’individualisme que proclame Luther, à vouloir rompre avec le passé.

Mais c’est en vain : elle se brise contre les mille liens qui la retiennent ; les corporations subissent les diverses phases que parcourt la royauté, mais ne sont pas abolies : d’abord aristocratiques, isolées, soumises à une classe privilégiée, formant de petits corps séparés, petites sociétés féodales dans une société toute féodale, elles changèrent de caractère quand la royauté voulut renverser toutes les puissances rivales qui se partageaient la France, et substituer au désordre qui régnait partout l’unité monarchique.

Voulant détruire les libertés communales, les associations de bourgeois, comme elle voulait détruire les grandes seigneuries, pour remplacer les franchises municipales et l’indépendance féodale par le pouvoir royal, elle attaqua toutes les castes ; et les maîtrises durent subir le sort commun.

Pour y parvenir, Henri III promulgua, en 1581, un édit dont le préambule développe fort bien le but qu’il se propose : appliquer une législation uniforme à toutes les corporations de la France, c’est-à-dire substituer à l’aristocratie de la maîtrise le privilège royal, en protégeant l’artisan