Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/173

Cette page n’a pas encore été corrigée

tion ; il n’a encore que l’allure de la tortue ; quand ira-t-il plus vite ?

D’autrefois on n’accuse plus les inventeurs de sortilèges ; mais on fait peser sur eux d’autres accusations aussi graves et aussi stupides. Les préjugés se modifient avec le temps, mais ils restent.

Sous la Révolution, le peuple qui ne croyait plus à Dieu ni au diable n’avait plus garde de fulminer des accusations de sorcellerie.

Mais les frères Ghappe ayant établi dans le parc de Lepelletier Saint-Fargeau à Ménilmontant, un autre télégraphe, après la destruction de celui qu’ils avaient élevé à la barrière de l’Etoile, la foule croit que cet appareil cache quelque machination avec le roi et les prisonniers du Temple, et il y met le feu, menaçant de jeter aussi les mécaniciens dans les flammes.

La politique s’en mêlait sous la Révolution ; elle s’en mêla de même sous la Restauration. Quand le gaz à éclairage eut fait son tour en Angleterre et revint en France, le parti libéral le soutenait. Il fallait entendre les reproches que lui adressait le drapeau blanc à ce sujet ! Charles Nodier se met de la partie ; il publie un ouvrage contre ce nouveau mode d’éclairage, dans lequel il se livre à toutes sortes de jeux de mots et de plaisanteries sur les anciennes lumières et le progrès des lumières. Que n’invoque-t-il pas contre le gaz ? Il le regarde comme le feu grisou et il s’écrie : « Quelle audace que celle qui l’appliquerait, par une fausse bravade ou par une fausse économie à des usages inutiles et pernicieux ! »

Après la question des dangers vient celle des industries qu’il compromet. « Il ruine une branche de commerce ! » dit-il ; il semble à M. Nodier qu’on ne peut rien répondre à cet argument. Les habitants du faubourg Poissonnière firent un mémoire contre l’éclairage au gaz. On alla jusqu’à prétendre qu’il était nuisible à la végétation ;