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Et puis concert d’acclamations sur ce brave homme si sage et si généreux ; ovation complète !

Et puis colère et mépris contre ce fou qui n’a pas écouté décemment des conseils si sages.

Et alors les railleries pleuvent, les traits arrivent de toutes parts ; on parle de l’interdire, le moyen est proposé sérieusement à sa famille.

Et puis on appelle le marquis de Jouffroy, Jouffroy la pompe, le bateau de Fulton, la folie Fulton ; on traite Papin de charlatan, etc.

Toutes ces criailleries, tous ce* croassements de corbeaux, tous ces bourdonnements de frelons, agitent les nerfs, écorchent les oreilles, agacent continuellement l’homme d une grande sensibilité nerveuse que fait bondir la moindre piqûre.

Voltaire n’a-t-il pas passé sa vie dans une colère perpétuelle contre Palissot, l’abbé Desfontaines et Fréron en particulier, colère qui les a sauvés de l’oubli ?

Mirabeau ne rugissait- il pas, à la tribune, quand il était atteint par le moindre pygmée et, pour l’écraser, n’ébranlait-il pas le monde entier ?

C’est toujours la fable du lion et du moucheron.

Et quelque stoïcisme et quelque indifférence qu’ait un homme pour toutes ces petites misères, il n’en arrive pas moins qu’il se trouve toujours à un certain moment une parole envenimée qui le fait bondir.

Comprenez-vous l’atroce position de l’homme qui se débat au milieu de toute cette meute.

Il se sent fort et vigoureux, il écraserait entre ses dix doigt le plus robuste d’entre eux ; et, cependant comme Guliver enchaîné par les Lilliputiens, il ne peut bouger et, immobile, il est condamné à recevoir toutes les aiguilles qu’ils lui lancent.

Il est comme le lion, pris dans un filet, qu’il ne peut briser. Il rugit, il étouffe de rage, impuissant, parfois il