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banquets. » Mais si ses ressources étaient épuisées par l’argent qu’il avait dépensé pour construire ce chef-d’œuvre et le temps qu’il y avait consacré, il se voyait condamné sans retour. Voulant fuir la tyrannie des maîtres, il essayait de s’isoler, de travailler à son compte. Alors, malheur à lui s’il était trouvé! Tourmenté par ses tyrans, il devait se soumettre à leur despotisme ; et il voyait, le malheureux, arriver au degré de maîtrise des hommes incapables, sans nul effort, mais à qui leur naissance ou leur argent donnait ce droit.

Si cet esprit exclusif dominait à l’intérieur de ces petites sociétés, il devait encore se manifester au dehors. Elles avaient leurs guerres privées, comme les autres seigneuries : par leurs luttes perpétuelles, elles troublaient tout ordre, arrêtaient tout essor, toute production, suspendaient tout à coup les travaux, apportaient les plus grandes perturbations dans l’industrie et en même temps comprimaient tout élan, toujours prêtes qu’elles étaient à se révolter contre toute innovation qu’eût essayé de faire une rivale.

Voici, entre autres, un exemple assez remarquable et assez curieux de cet esprit de jalousie qui existait entre chacune d’elles.

C’est le procès des poulaillers et des rôtisseurs. Dans le quatorzième siècle, ces derniers tentèrent de mettre la volaille et le gibier à la broche, comme les viandes de boucherie. Les premiers réclamèrent contre cet abus. Louis XII, croyant que du moment que les rôtisseurs rôtissaient un bœuf, ils pouvaient tout aussi bien rôtir un poulet, leur accorda en 1509 le privilège de vendre toutes sortes de viandes, en poil et en plume, habillées, lardées et rôties. Mais les