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traitât en un mot, — non comme de jolis enfants, — mais comme des intelligences. »

« Vous laissez, dit Daniel Stern, nos petils esprits tout entiers entre nous à nos petites idées, à nos petites méditations, à nos petites médisances, à nos petits chiffons, et restez à l’écart comme des demi-dieux dans le monde des grands intérêts, des grandes affaires, des grandes pensées. »

H. Rigault a dit :

« Nous qui nous vantons du progrès de nos lumières, nous en sommes restés, pour la plupart, aux idées du bonhomme Chrysale sur l’éducation des femmes. Le dé, le fil et les aiguilles sont le fond de leur bibliothèque. Nous coupons les ailes à leur esprit... »

« On accuse l’esprit des femmes d'être frivole, c’est l’éducation qu’on leur donne qui est frivole, » ajoute Jules Simon. Est-ce que Sophie Germain, en 1816, n’obtint pas le grand prix de mécanique ?

« L’éducation donnée aux femmes est fausse, imprévoyante, superficielle, mal dirigée,» reprend Daniel Stern.

Fénelon dès le XVIIe siècle réclamait en faveur de l’instruction des filles, instruction qui, encore à l’heure actuelle, est à créer aussi bien pour les familles riches que pour les familles pauvres.

Pour les familles riches, nous venons de voir où aboutissait l’éducation donnée aux filles.

Pour les familles pauvres, tout est à faire. Si en France en 4863, sur 100 hommes, 29,27 ne savent pas signer ; sur 100 femmes, il y en a, dans les villes, 44,16, à la campagne 48,09 privées d’instruction.

Qu’y a-t-il d’étonnant à ce que presque la moitié des filles ne sache pas signer en France ? Notre pays se compose de 37,766 communes. Combien y a-t-il d’écoles publiques de filles ? 14,059. N’est-ce pas monstrueux ?

Ajoutez que sur 13,766 écoles, 7,861 sont dirigées par des religieuses.