Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/151

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui passionnent l’humanité n’ont pas de sens pour elle ; elle ne comprend pas le progrès, elle ne sait ce que signifie le mot de liberté, pas plus qu’elle ne comprend celui de civilisation : elle se demande à quoi servent les débats parlementaires qui émeuvent tant les hommes ; elle a pitié de son mari qui en parle avec chaleur et discute les discours de Jules Favre et de M. Rouher.

Là est une des plus grandes plaies de notre société : M. Jules Simon l’a parfaitement signalée dans son livre de l’École en disant : « La femme est du XVIIe siècle...»

Mais est-ce parce que la femme est moins intelligente que l’homme, est-ce parce qu’elle est plus enfant que lui, qu’elle reste ainsi en retard ?

Non, évidemment. Si la femme n’est pas de notre siècle, c’est parce que l’éducation qu’on lui a donnée est fausse et mauvaise.

Le Voltairien de 1830, le libéral bâtard qui représentait le Constitutionnel de l’époque, rejetait tout culte catholique et traitait les prêtres de calotins ; mais il n’en voulait pas moins que son enfant fût baptisé, communiât, suivît son catéchisme, et exigeait que sa femme pratiquât les exercices du culte et élevât pieusement sa fille ; il envoyait même celle-ci passer trois ou quatre ans dans un couvent.

Alors qu’en résultait-il, c’est que cette fille voyant la conduite de son père donner un tel démenti à ses paroles, tiraillée par les maximes de son confesseur, ne comprenait rien au mouvement social et ne pensait que par permission de son directeur.

De là éducation incomplète et fausse ; de là scission entre l’homme et la femme.

Ce n’est ni le cigare, ni la garde nationale qui ont amené cet effet. La cause est plus grande.

L’homme ne trouve pas dans sa femme la compagne qu’il cherchait : aucun lien sympathique ne les unit l’un à l’autre ; si l’homme veut parler à la femme de politique,