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four. Aussi comme on le punit bien. Il a échoué, un accident a détruit le prix de six mois de travail. Il rentre chez lui las, abattu, désespéré, découragé. Trouve-t-il un visage souriant qui l’accueille, qui l’embrasse, qui lui donne de nouveau du courage ? Voici ce qu’il trouvait, il le dit lui-même :

«Je n’avois en ma maison que reproches ; au lieu de me consoler, l’on me donnoit des malédictions. »

Sa femme, une autre Xantippe, le faisait fuir de chez lui.

« Je m’allois souvent pourmener dans la prairie de Xaintes, en considérant mes misères et mes ennuys ; et sur toutes choses de ce qu’en ma maison même je ne pouvois avoir nulle patience, ny faire rien qui fût trouvé bon. »

Et la nuit quand la pluie ou le froid le forcent d’abandonner son four et qu’il rentre chez lui dans le plus pitoyable état, il trouve « en sa chambre une seconde persécution pire que la première, qui me fait à présent esmerveille que je ne suis consumé de tristesse. »

Oui, en effet, il y a de quoi s’esmerveiller. Quel enfer que cette vie ! au dehors déceptions, labeurs continus, fatigues, moqueries ; au dedans misère et gronderies. N’est-ce pas à s’arracher les cheveux, à se déchirer la poitrine de rage et de désespoir ? et l’inventeur ainsi persécuté ne doit-il pas plus d’une fois se poser cette question :

— En admettant que mon idée soit bonne, dois-je la poursuivre ? Quel est mon devoir ou de m ’acharner après elle, ou bien d’y renoncer ; de ne m’occuper que de ma femme et de mes enfants, d’être bon fils, bon père et bon époux comme tous les autres hommes qui m’entourent ?


Et alors quelles luttes terribles allument ces réflexions dans son sein ! Quels désespoirs le prennent et le plongent dans l’abîme ! Quel combat a lieu dans ce cerveau entre