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de grenier de la rue du Colombier, ouvert à tous les vents, à essayer toutes les substances chimiques qui pouvaient l’amener au résultat qu’il poursuivait.

11 ne suffit donc pas d’avoir du génie et d’en user, dit Quinola avec raison, il faut encore des circonstances... Le hasard ! un fameux misérable.

Écoutez ce que raconte M. 0. Comettant de Sax :

Sax était à bout de ressources ; il y avait trois jours qu’il vivait avec un sou de pain par jour. Il allait mourir d’inanition, quand il rencontra un ami, M. D...

— Viens avec moi, lui dit-il, je crois avoir trouvé un emplacement qui peut servir à ton installation.

C’était une sorte de remise, un piètre local, qu’eussent dédaigné bien des gens ; Sax se serait trouvé très-heureux e le posséder ; mais il fallait de l’argent pour le louer et s’installer ; et il n’en avait pas. Il s’en expliqua franchement avec le propriétaire. Heureusement que celui-ci le comprit, et lui dit :

— Eh bien ! monsieur Sax, je vous laisse mon logement ; et comme vous réussirez, dans un an, j’espère vous me payerez.

Pour comble de bonheur, D... dit encore à Sax :

— J’ai 4,000 francs, c’est tout mon avoir ; je les mets à ta disposition ; j’ai confiance en toi comme homme et artiste.

Et si Sax n’avait pas trouvé cette confiance dans le propriétaire, n’avait pas rencontré cet ami, que serait-il devenu ?

Cette question fait dresser les cheveux sur la tête ; car il y en a d’autres qui n’ont pas eu ce bonheur.

Que seraient devenus Dupuytren, Davy, si le hasard ne les avait pas favorisés de même. Cugnot, sans une dame, mourait de misère à Bruxelles.

Si Conté n’eût trouvé des protecteurs il serait resté tranquillement à cultiver son champ.