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entourés de tout ce qui rappelle les douleurs de l’humanité, les sombres luttes qui la torturent, les cruelles misères qu’elle subit.

Ce tableau de Dehodencq représente un homme en effet qui est un des saints et un des martyrs des idées nouvelles : cet homme est Christophe Colomb ; mais ici il n’a encore découvert l’Amérique que dans son cerveau ; il n’a pas encore accompli son voyage et rapporté à la reine d’Espagne de l’or, des diamants et des sauvages ; il est regardé comme un fou et traité comme tel, repoussé partout, méprisé, honni, bafoué, réduit à demander l’aumône, un morceau de pain pour vivre !

Méditez, o législateurs qui vous attachez à comprimer toutes les facultés de l’homme au lieu de les développer ; méditez, ô corps savants qui avez réduit tant d’inventeurs et de découvreurs au désespoir, cette phase de la vie de Colomb. Je voudrais que ce spectacle frappât sans cesse vos yeux afin que vous l’ayez toujours présent à la mémoire.

Ah ! elle est sombre et triste cette légende de l’inventeur ; ici elle nous montre Charles Avisseau de Tours, jetant dans son creuset l’anneau nuptial de sa femme pour trouver l’alliage de l’or et des métaux ; ailleurs Aloys Senefelder, aîné de neuf enfants, forcé de les soutenir avec un maigre talent d’auteur et d’acteur, ne pouvant pas même se faire soldat, car la Bavière ne veut pas d’un étranger dans son armée ; Delambre, vivant de pain et d’eau ; Davy, misérable garçon apothicaire ; Denis Papin, traînant une existence de misère ; Robert, en mourant ; Lee et Hargreaves, subissant le même sort ; Adam de Crappone, forcé d’abandonner son entreprise à ses créanciers avant d’avoir pu l’achever ; Philippe Lebon se ruinant dans les essais de gaz à éclairage et périssant dans l’oubli ; Vidal, auteur de l’ébullioscope, mourant à la peine, après avoir épuisé toutes ses ressources ; Dallery, brisant son bateau faute de 30,000 fr. pour l’achever ; M. Ruolz, passant un an, dans une sorte