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amateur, comme certaines gens veulent être peintres, musiciens, écrivains amateurs ! Aussi voyez les œuvres de ces messieurs ! elles sont ridicules et rien de plus. La science pas plus que l’art ne souffre de partage. Il faut se livrer tout entier à elle, s’abandonner à ses caprices, subir complètement son joug, dût-elle vous conduire à l’hôpital, en retour de votre obéissance.

Écoutez encore Bernard Palissy : que l’exemple de ses souffrances apprenne à la foule, aux indifférents, à ceux qui ne se doutent pas du sort de l’inventeur, quelle considération ils doivent avoir pour l’homme qui se soumet à de telles extrémités, sans regret, afin d’arriver à doter le monde d’une création nouvelle.

« J’étois endetté en plusieurs lieux, dit-il, et j’avois ordinairement deux enfants aux nourrices, ne pouvant payer leurs salaires. Personne ne me secouroit… mon esprit disoit… tu n’as rien de quoy poursuivre ton affaire ; comment pourras-tu nourrir ta famille et acheter les choses requises pour passer le temps de quatre ou cinq mois qu’il faut auparavant que tu puisses jouir de ton labeur ?… »

Il prend un potier « commun » pour économiser le temps :

« Mais c’estoit une chose pitoyable ; car j’estois contraint de nourrir ledit potier en une taverne à crédit, parce que je n’avois nul moyen en ma maison... 11 fallut donner congé au potier auquel, par faute d’argent, je fus contraint de donner mes vestements pour son salaire...»

Puis ce sont les matériaux qui lui manquent pour faire un four... Il emploie les débris de celui qui lui avait déjà servi ; mais ils se trouvent de mauvaise qualité et lui font perdre sa fournée, et cette fournée lui avait coûté six vingts écus.

« J’avois emprunté le bois et les estoffes (matériaux), et si avois emprunté partie de ma nourriture en faisant la dite besongne, j’avois tenu en espérance mes créditeurs qu’ils