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lithographier sur métaux et il photographie ; Giffard cherche la direction des ballons et trouve l’injecteur auquel il a donné son nom, etc.

Qu’importent leurs erreurs ? qu’importent leurs chimères ? ils marchent toujours. Pour faire le moins, il faut vouloir le plus : ce n’est qu’en pensant ainsi qu’on arrive à faire de grandes choses. Aussi l’inventeur n’écoute-t-il pas tous ceux qui lui crient qu’il est insensé et qu’il doit s’arrêter : il va toujours, sans reculer devant nul obstacle. Ce qui fait sa force c’est son entêtement. Il n’y a pas de grands hommes sans une grande volonté. Ceux-là qui manquent de persistance, qui se rebutent au premier échec, sont des caractères faibles, sans énergie. Pour arriver au but, il ne faut pas craindre le danger ni la fatigue. Il faut avoir un cœur de bronze dans un corps de fer.

Ah ! c’est qu’on ne réussit pas tout à coup ; c’est que la route n’est pas tracée, belle, bien propre et bien ratissée ; c’est qu’elle est semée d’ornières dans lesquelles on verse, de bourbiers qui vous retiennent, de rochers qui vous arrêtent, de broussailles qui vous déchirent et qui vous cinglent : c’est qu’on ne peut y avancer que pas à pas, la hache d’une main, la torche de l’autre, comme dans les forêts d’Amérique ; et il faut de hardis et vigoureux pionniers pour oser s’aventurer dans ces solitudes sans fin et sans issue, qui engloutissent, sans en laisser nulle trace, l’imprudent qui a eu plus d’audace que de force.

Il y a des gens qui croient que les inventions viennent toutes faites au monde, qu’on les trouve sous une feuille de chou comme les petits enfants. Allez donc parler de l’enfantement d’une œuvre à ces gens ; ils vous riront au nez. « Mais rien n’est plus facile que d’inventer, disent-ils. Il me semble que si je voulais m’en occuper, je ferais dix inventions par jour. »

J’ai connu un homme fort ignorant, cela va sans dire, qui disait un jour :