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peut pas prélever sur sa fortune une récompense pour celui dont les œuvres ne se sont pas encore manifestées d’une manière profitable pour elle, ne lui ont pas apporté les bénéfices immédiats.

C’est triste, je l’avoue ; mais il ne peut en être autrement, cette situation est forcée.

Mais ne vous épouvantez pas tout d’abord, et ne croyez pas que, pour ces raisons, je condamne le premier inventeur à ne pouvoir réclamer aucun droit. Au contraire, j’espère que, plus tard, lui ou ses descendants pourront profiter amplement de la première idée qu’il aura conçue. Si autrefois Papin eût été condamné à ne percevoir nul bénéfice de son invention, si en ce moment-ci, il serait encore condamné à périr dans la misère auprès de son œuvre, il n’en sera pas de même dans l’avenir. Quand les inventeurs se seront organisés, se seront réunis en associations, alors chacun d’eux percevra une part de gloire et d’argent, proportionnelle à la part d’utilité qu’il aura eue dans l’enfantement de la nouvelle œuvre : alors disparaîtront les monstruosités dont nous traçons en ce moment le tableau.

Mais, de plus, l’inventeur aura toujours la certitude de pouvoir employer toutes ses forces, d’amener son œuvre à la limite extrême imposée à son p r énie. Il ne sera plus, comme Sauvage, vingt ans sans pouvoir faire un essai sur une échelle suffisante ; il n’échouera plus comme autrefois, faute de secours et d encouragements ; il ne sera plus empêché de faire produire à son œuvre les résultats qu’on en peut attendre ; si son idée est complète, il pourra l’appliquer immédiatement et en recueillir les bénéfices : si son idée est incomplète, mais cependant a été utile à la question, l’association qui poursuivra son œuvre, lui donnera une part de bénéfices en raison de sa valeur, ou s’il est mort, en gratifiera ses descendants. Alors, nulle injustice envers l’inventeur ne se produira plus ; la société remplira son devoir, payera sa dette et ne lui fera plus banqueroute.