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110 L' INVENTEUR.

pondrait comme Pic de la Mirandole de omni re scibili, les poursuit à outrance.

Et puis tout n ’est-il pas pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ? A quoi bon innover, chercher du nouveau ? Restons tranquillement enveloppés dans notre robe de chambre, assis dans un bon fauteuil, au coin du feu, au lieu de courir à travers rochers et précipices à quelque découverte nouvelle. Oh ! le fameux cri : contentons-nous de ce que nous avons ; ce cri qui arrête tout élan, engourdit toute énergie, le cri du fumeur d’opium, le cri du fatalisme turc, le cri de l'indolence orientale, qui donc la proféré ? Contentons-nous de ce que nous avons; restons dans le statu quo : que de gens qui repètent ces monstruosités, qui se gardent bien d’essayer d’améliorer ce qu’ils ont, qui font tous leurs efforts pour arrêter ceux-là qui voient au delà du présenti Le perfectionnement à apporter est peut-être bien simple; il saute aux yeux; mais à quoi bon ?

Cela me rappelle la réponse que flrent à un voyageur français des ouvriers de carrières de marbre en Italie. Sur son observation, qu’ils feraient mieux d’employer des brouettes pour transporter les débris, que de se servir de petits paniers gênants, mal commodes et ne contenant rien, ils lui dirent : — Pourquoi ?... tout le monde lait comme cela.

Il y a un instrument de musique qui paraît exister depuis que le monde existe : c’est la timbale. La timbale s’est composée de tout temps d’une peau tendue sur un chaudron ; le chaudron était bien gênant ; il coûtait cher, il était encombrant au possible, de sorte qu’on ne pouvait pas mettre plus de deux timbales dans un orchestre, ce qui était assez pauvre; munie de cet appendice, elle était du transport le plus difficile, il fallait deux hommes pour la porter avec toules les précautions possibles, de peur de la bossuer; compositeurs et musiciens faisaient bien des doléances sur le malheureux chaudron; mais quant à changer