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108 L'INVENTEUR.

machine en même temps que M. Lenoir ; c’est ainsi que l’intelligence humaine, demandant un plus rapide moyen que la main des scribes pour se répandre, fait naître à la même époque plusieurs tentatives pour réaliser la multiplication des écrits, tentatives qui enfantent la xylographie, la chalcographie et enfin la typographie.

Ou bien, il faut qu’une crise vienne tout à coup faire surgir les inventions ; quand le monde ne sent pas le besoin direct d’une chose nouvelle, quand ce besoin ne s’impose pas, tout dort, la science se préoccupe de chimères ; les savants passent leur vie dans leur laboratoire, comme un employé de bureau passe sa vie dans son bureau, c’est-à-dire à ne rien faire ; tout est calme, tout est tranquille et le progrès est stagnant. Mais vienne une secousse qui ébranle tous les cerveaux, qui change tout un ordre social et qui, en transformant la société, transforme ses besoins, alors apparaissent Monge, Berthollet, Conti, Lebon, Chaptal, qui en un an font plus d’inventions qu’un siècle, en temps ordinaire, n’en eût produit; aussi voyez pendant la révolution quel magnifique essor prend l’industrie française ! On innove, on invente, on s’habitue à tout utiliser, à ne rien perdre, on apprend à faire de la poudre, à fondre les canons, la science refait son éducation ; il ne s’agit plus en ce moment de copier le passé, de se traîner à la remorque des anciens, de respecter les traditions ; il s’agit, au contraire, de créer tout dans de nouvelles conditions. Alors savants et ouvriers, pris de la fièvre qui fait battre le pouls à tout un peuple, transportent dans leurs travaux l’ardeur que montrent nos volontaires à la frontière, l’omniscience que montrent nos hommes à la Convention; et la révolution est non seulement une révolution sociale, mais encore une révolution scientifique et industrielle.

Ou bien, il y a une idée qui court les rues, un vieux proverbe, un jouet avec lequel s’amusent les enfants. Tout le monde connaît l’idée; tout le monde connaît le