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toire des arts et métiers n’est-elle ouverte au public que trois fois par semaine ? Pourquoi la Bibliothèque impériale n’est-elle ouverte que de dix heures à quatre heures ?

Et si j’ai un travail pressé à faire ! et si je ne peux pas venir à ces heures-là ! vous m’enlevez donc les moyens de travailler ; votre bibliothèque n’est qu’une illusion pour moi.

Dans la vieille Bibliothèque royale, il y avait trente chandeliers et une lampe d’argent, allumés sans cesse, pour qu’on pût y travailler à toute heure. Pourquoi n’en est-il plus de même maintenant ? pourquoi ? pourquoi ?

Mais comme l’État ou l’administration ont réponse à tout, il faut que l’initiative privée fasse tous ses efforts pour n’en avoir pas besoin et constitue en aussi grand nombre qu’elle le pourra les bibliothèques populaires, sur le plan de celles que Franklin a fondées en 1730 en Amérique, où elles ont atteint un si beau développement. Elles commencent à peine à paraître à Paris, et encore quels livres les composent ! elles sont surveillées et elles ne sont pas libres. Que voulez-vous faire avec un pareil régime ? La meilleure volonté, la plus acharnée, pourra-t-elle former une bonne bibliothèque sous le régime de l’index ! Espérons que la Société que préside M. Boussingault parviendra à surmonter ces difficultés et à atteindre le but qu’elle se propose.

En dehors de Paris, si j’en excepte quelques villes qui, grâce à la persévérance de quelques hommes de bien, deviennent des villes modèles, nous ne trouverons nulle tentative analogue.

Le gouvernement, il est vrai, a voulu fonder des Bibliothèques communales : seulement, à voir le choix des ouvrages dont il les compose, on dirait qu’il voudrait écouler des rossignols de librairie. Un exemple de l’intelligence qui préside à cette distribution de livres : il envoie des traités d’esthétique aux paysans bas-bretons !

Mais comme les bibliothèques publiques, quelque grandes