Page:Guyot - Étude des vignobles de France, tome 3, régions du centre-nord du nord et du nord-ouest, 1868.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
206
RÉGION DU CENTRE-NORD.

Ces 22,780,000 francs représentent le budget normal de 22,780 familles moyennes de 4 individus, ou de 91,120 habitants, sur une population de 357,000 ; ce qui revient à dire que la vigne entretient plus du quart de la population totale du département du Loiret.

En traversant les arrondissements de Gien, de Montargis, de Pithiviers, il n’est personne, même parmi ceux qui sont étrangers à la viticulture, qui ne reconnaisse, au premier coup d’œil, que la surface des vignes pourrait être facilement triplée, par la similitude des terrains qui séparent les vignes avec ceux qu’elles occupent : dans tout le département sont les sables siliceux, argileux, les argiles, ou bien les terres à graves, à silex et à meulières, toutes très-propres à la vigne ; et, le long de la Loire, sont des alluvions qui lui conviennent également. La vigne pourrait donc exister dans tout le Loiret, sur les plateaux ou les versants qui peuvent être assainis et débarrassés de leur excès d’humidité, et recevoir par leur inclinaison est et sud, quoique très-faible en général, une compensation, par la chaleur solaire, à la froidure assez générale du département.

Quelques propriétaires, spéculateurs en grandes cultures avec engraissement d’animaux de boucherie, font disparaître les vignes de leurs vastes domaines. Ils savent aussi bien que personne que s’ils appliquaient leur intelligence et leurs soins à la viticulture, elle leur rendrait huit et neuf fois plus de produits que leurs meilleures emblavures, à surface égale ; mais il faudrait entretenir de nombreuses familles, il faudrait peut-être les intéresser aux produits, pour obtenir tous les effets d’un concours intelligent et dévoué. Ces familles peupleraient les campagnes et feraient à leurs produits une concurrence préjudiciable, aussi bien