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III
PRÉFACE.

Aucune boisson, bière, cidre, etc. ne peut le remplacer dans son heureuse et complète influence : aussi devra- t-il constituer bientôt la boisson alimentaire de toutes les familles, riches ou pauvres, partout où la civilisa- tion étend ses bienfaits.

La consommation normale du vin alimentaire, pour donner aux sociétés humaines toute leur force et toute leur activité de corps et d'esprit, doit être au moins égale à celle du pain et de ses suppléants ; ce qui re- vient à dire que la France devra en consommer à elle seule plus de cent millions d’hectolitres par an, tandis qu'elle n’en produit encore que de cinquante à soixante- quinze millions d’hectolitres.

La France, tant par son heureux climat que par le choix de ses cépages et les soins donnés à la vinifi- cation, produit la presque totalité des vins vraiment alimentaires, c'est-à-dire n'offrant que de sept à onze pour cent d’élément spiritueux, et s’associant largement aux aliments solides de tous les repas. Elle est la seule contrée qui produit les vins de luxe de Champagne, de Bourgogne, de Bordeaux, etc., vins inimitables, qui resteront éternellement son splendide monopole. Elle n’a de concurrence sérieuse à craindre, de l'extérieur, que celle des vins forts d’entremets et des vins de li- queur ; vins de consommation restreinte, dont elle pro- duit d’ailleurs des variétés sans rivales. On peut donc être assuré que, pendant des siècles encore, les vins de France seront appelés à alimenter la plus grande partie de la consommation du monde civilisé. La vigne