Page:Guyot-Jomard - Manuel breton-francais, 1863.djvu/9

Cette page n’a pas encore été corrigée
III

est le plus rude à cause de la multitude de ses sons gutturaux Cependant, il y a des connaisseurs qui le préfèrent à tous les autres. « Celui de Vennes, dit Grégoire de Rostrenen, quoique très-éloigné de tous les autres, plus rude même qu’aucun autre à cause de l’abondance de ses H, devrait passer pour le meilleur, contre le sentiment des Bretons qui l’ignorent, par la raison que les langues n’étant instituées que pour faire connaître les pensées et les sentiments du cœur des uns aux autres, plus les mots d’une langue qui les font connaître sont courts, plus une langue, ou même un dialecte, doit être estimé au-dessus des autres. Or, le dialecte de Venne est le plus court de tous sans contredit. » (Préface du Diction, fr. celtique.)

II.

Pour ce qui regarde ma manière d’orthographier[1], je préviens le lecteur que j’ai cru devoir en créer une toute philosophique pour deux raisons : 1o parce que je n’ai pu adopter l’orthographe en usage en Bretagne, cette orthographe n’étant appuyée sur aucun principe fixe, et variant même au gré de chaque individu ; 2o parce que j’ai voulu offrir à nos lecteurs les terme de la langue avec leur prononciation vraie, de manière que chaque mot puisse se lire et se prononcer tel qu’il est écrit.

Il est à la vérité quelques articulations étrangères à la langue française et qu’aucune explication ne saurait rendre facile à quiconque ne connaît que cette langue, mais cette difficulté est peu de chose, en comparaison des obstacles que l’on rencontre dans l’étude des autres langues de l’Europe[2].

Ayant trouvé dans plusieurs livres anciens la lettre K employée à l’exclusion du C et du Q, je me suis servi de la première avec d’autant plus d’avantage que cette lettre conserve le même son devant toutes les voyelles. Par ce moyen, je puis écrire kae ; (beau), kéré (cordonnier), koz (vieux), kuden (écheveau), tandis

  1. Le Gonidec, P. xij.
  2. Cette difficulté n’existe pas pour les Bretons à qui ce petit livre est tout spécialement destiné. (N. de l’auteur).