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A M. L’ABBÉ LE JOUBIOUX,

CHAPELAIN INTIME HONORAIRE DE N. S. P. LE PAPE,

CHEVALIER DE L’ORDRE IMPÉRIAL

DE LA LÉGION-D’HONNEUR, CHANOINE DE LA

CATHÉDRALE DE VANNES.

Mon cher Monsieur Le Joubioux,

Quand Monsieur l’Abbé Guillôme, de regrettable mémoire, publia en 1849 son beau livre breton du Laboureur, ce fut à vous qu’il le dédia.

Les sentiments qui l’inspiraient alors à votre égard sont ceux qui m’animent aujourd’hui ; je m’assure même qu’il s’y mêle un sentiment plus intime et qui m’est tout particulier, tout personnel : c’est que la même eau sainte bénit nos jeunes fronts ; c’est qu’au bruit des mêmes flots s’endormit notre enfance ; c’est qu’à la même église nos mères guidèrent nos premiers pas ; c’est que depuis plus de trente ans vous m’honorez d’une affection qui m’est bien précieuse… À ces titres, je me permets, pénétré de mon insuffisance, d’emprunter les beaux vers de M. l’abbé Guillôme et de vous dire comme lui :

« Et vous, poète de mon pays, homme judicieux et instruit, vous lirez mon petit livre ; c’est à vous que j’en fais la dédicace, comme au meilleur et au plus aimé de mes amis. »

Vous l’accueillerez avec votre bienveillance ordinaire, ce petit ouvrage, dont l’unique but est de faciliter l’introduction du français dans les écoles bretonnes, en permettant aux enfants de comparer et d’apprendre les mêmes locutions dans l’une et l’autre langue.

Grâce à cette méthode, les élèves pourraient, si je ne me trompe, continuer à parler l’antique langage de nos ancêtres, sans demeurer étrangers à l’intelligence et à l’usage du français, de cette langue qui s’apprend et se parle dans tous les pays du monde.

Veuillez agréer, mon cher Monsieur Le Joubioux, l’assurance de ma gratitude et de mon respectueux attachement,

Al. GUYOT-JOMARD.

Vannes, le 1er Juin 1863.