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sol n’est pas encore trop humide et que les nuages retien­nent la pluie suspendue sur vos têtes.


Aussitôt que l’on voit l’hiver s’éloigner, le beau temps s’ouvrir, le soleil prendre de la force, la chaleur fondre la glace des étangs, et la neige se détacher des montagnes, on se presse de quitter la maison, il tarde de rouvrir le champ et de travailler la terre en friche.


Si vous n’avez pas semé votre avoine avant l’hiver, (car lorsqu’elle ne gèle pas, c’est celle-là qui est la meilleure), du moins ne laissez pas s’écouler le mois de janvier, pour que votre avoine soit pleine, qu’elle soit épaisse sur votre aire.

Si vous attendez le mois de février, vous serez en retard, vous aurez peut-être de la paille, mais vous n’aurez pas de bon grain, et si vous attendez jusqu’au mois de Mars, vous ne recueillerez que votre semence.




Vers la mi-mars, quand on voit les jours devenir à peu près aussi longs que les nuits, qu’on voit que l’hiver a quitté Je pays et que le printemps revient encore, chacun doit se presser, à qui plus vite, et semer le petit froment. On ne voit pas souvent parmi vous celui qui sème le premier aller chercher du grain chez celui qui sème plus tard.


Mais avant de semer, laboureurs paresseux, n’oubliez pas le fumier nécessaire, laissez-le quelque temps s’échauffer dans son mulon, le froment demande de bon fumier et force engrais.

Un laboureur diligent, même au sein de l’hiver, ne craint pas de quitter son feu, coupe de la lande, des épines du genet pour faire ses fumiers. Un autre avec sa houe gratte tous les sillons, et souvent sans dégarnir ses fossés et ses landes, voit pour l’année suivante ses greniers remplis.