« Nous n’avons point de lit, disait la propriétaire, nous ne vendons point de vin ! Nous ne sommes pas dans une auberge. »
Un Prussien hurlait : Wein ! wein !
« Du vin ! Vous avez tout bu ! »
Et tous frappaient, tempêtaient, circulaient, criant :
« Wein, brod ! » ouvrant les armoires, tirant les bouteilles.
Enfin, je les entendis se diriger vers ma chambre. La porte s’ouvrit. Je fis semblant de dormir, fermant les yeux à demi.
Quatre ou cinq soldats de la ligne entrèrent, portant une lanterne, qu’ils vinrent mettre sous mon nez.
Je me levai en criant :
« Que voulez-vous ?
— Gute nach ! » me dit en riant un des soldats.
Un sous-officier me fit signe de me lever.
« Nous avons des blessés qui ont besoin de repos, » me dit-il.
Je m’habillai aussitôt, lorsque un jeune officier, qui, regardant mes vêtements couverts de poussière et d’une coupe qui, d’ailleurs, ne sentait pas le village, s’approcha de moi et me demanda en bon français.
« Qui êtes-vous ? »
Je voulus lui expliquer ma situation.
« Vos papiers ? »
Je lui racontai ce qui m’était arrivé la veille au soir, sans parler ni du ravin, ni des femmes que j’avais rencontrées.
« D’ailleurs il serait possible, ajoutai-je, de retrouver mon sac et mon sauf-conduit. »
Comme le jour commençait à paraître, il me donna un soldat pour m’accompagner. Je priai une des femmes, qui m’avaient amené, de m’indiquer la route, et nous partîmes.
Après un quart d’heure de marche, je reconnus