On voit combien la « révolution romantique » est simple au fond, et combien ceux qui l’ont faite ont eu tort d’y voir
sente à l’oreille deux nombres égaux, la forme 8 et 4 (ou 4 et 8) est la meilleure, parce qu’elle offre un nombre double de l’autre. La forme dix et deux peut encore se soutenir ; mais, comme les rapports des nombres sont plus complexes, elle est plus lourde et se rencontre rarement. En voici un exemple remarquable :
Sa chevelure était une forêt ; — des ondes,
Fleuves, lacs, ruisselaient de ses hanches profondes.
La forme 9 et 3 (ou 3 et 9), offrant encore des rapports simples, ne
manque pas d’harmonie ; ce qui la rend moins fréquente, c’est que
le vers de neuf pieds, pour être bon, a besoin généralement de deux
césures et se fond ainsi avec le vers alexandrin au milieu duquel
on l’introduit.
Pourtant jeté fais grâce, ayant ri. — Je te rends
À ton antre, à ton lac, à tes bois murmurants.
Reste une dernière forme (7 et 5, ou 5 et 7), qui, selon nous, est
dans la plupart des cas injustifiable. Elle présente des rapports
numériques complexes, qui sont fort désagréables à l’oreille.
V. Hugo, généralement irréprochable sous le rapport de l’harmonie,
ne l’emploie que très rarement (peut-être deux ou trois fois
sur mille). Nous citerons un cas où il n’est pas parvenu à rendre
cette forme acceptable :
Ce nom, Jéhovah, comme à travers des éclairs…
C’est là un des rares vers de V. Hugo (ju’on puisse vraiment appeler
désharmonieux, d’une désharmonie peut-être imitative ; cette division
du vers en cinq et en sept pieds, qui n’est pas même palliée
par un accent tonique suffisant sur la sixième syllabe, est par elle-même
choquante pour l’oreille. D’autres fois, à force d’art, le grand
poète est parvenu presque à sauver ce que les rapports numériques
de cinq à sept ont de mauvais : pour cela, il place à côté du
sixième pied un monosyllabe sonore et représentant une idée importante,
qui se trouve par ce dur contre-temps mise dans un étonnant
relief ; d’autres fois, au lieu d’un monosyllabe, il emploie un