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ÉPICURE




LIVRE PREMIER

LES PLAISIRS DE LA CHAIR

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CHAPITRE PREMIER

LE PLAISIR, FIN DE LA VIE ET PRINCIPE DE TOUTE MORALE


Caractère positif et utilitaire de l’épicurisme.

I. — Comment Epicure pose le problème moral : recherche de la fin. — Solution d’Epicure : 1° chez tous les êtres la nature poursuit le plaisir indépendamment de la raison et antérieurement à la raison. Force et subtilité de cet argument naturaliste. Qu’Epicure cherche l’infaillibilité non dans la raison, mais dans la nature. — 2° La raison, en vertu de sa constitution même, ne peut concevoir de bien abstrait et sans élément sensible. Valeur de cet argument contre l’idéalisme antique. Que le plaisir et la peine, selon Epicure, sont les seules forces capables de mouvoir l’être et de le porter à agir.
II. — Recherche des moyens pour atteindre la fin désirée, à savoir le plaisir. La vertu n’a de valeur que par le plaisir qu’elle procure. La vertu est identique à la science ; comment Epicure arrive à cette identité. Eloge de la philosophie, non pour elle-même, mais pour le plaisir. Définition de la philosophie. La pensée subordonnée à la sensibilité. — Une remarque de Kant sur les philosophies antiques.


Ce qui frappe tout d’abord chez le vrai fondateur de la morale utilitaire, chez Epicure, c’est le caractère pratique, positif de sa doctrine. Aristote avait dit : « La science est d’autant plus haute qu’elle est moins utile. » Epicure prendra juste le contre-pied de cette maxime. On sent qu’en se donnant à la philosophie, il s’est demandé d’abord : « A quoi sert-elle ? »