L’utilité doit être partout et toujours la fin de l’homme, — tel est le principe de tout système épicurien et utilitaire ; mais avant de montrer qu’elle doit être la fin, il est nécessaire de prouver qu’elle peut l’être et l’est déjà en fait. Est-il donc possible de ramener toutes les actions humaines, sans exception, à cette fin unique, l’intérêt. Dans ce simple mot, dans cette seule idée, l’âme entière se résume-t-elle ?
Des considérations pratiques sur le but de nos actions, l’épicurisme devait naturellement passer à l’examen psychologique de nous-mêmes ; il devait essayer de ramener à lui tout ce qui en nous semblait lui échapper. Déjà Epicure avait tenté de curieuses analyses psychologiques : on se rappelle sa théorie de l’amitié et des principales vertus ; on connaît aussi les efforts qu’entreprirent les Epicuriens pour ramener à la recherche de l’intérêt le prétendu héroïsme, comme celui de Manlius Torquatus. Hobbes à son tour avait interprété dans le sens de l’intérêt quelques sentiments importants, comme la pitié, la bienfaisance.