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THÉORIE EXPÉRIMENTALE ET THÉORIE KANTIENNE

transition constante ; nous nous sentons mouvants et non immobiles, avant de savoir ce que c’est que changement ou immobilité. À cette tension du vouloir et du mouvoir, à cette conscience d’énergie passant du potentiel à l’actuel, joignez le jeu de représentations si bien décrit par Guyau il fera apparaître les deux termes extrêmes d’une série mentale à une dimension, avec les termes intermédiaires en ordre déterminé, vous aurez alors tout ce que suppose la représentation d’une succession ou, pour mieux dire, d’une transition de représentations et d’appétitions. Vous aurez devant les yeux de l’imagination psychologique 1o une sorte d’avenue ouverte, avec les intermédiaires, comme les arbres qui bordent une allée : c’est la représentation statique et par cela même incomplète ; 2o l’image de la tension et transition constantes qui ont accompagné chaque terme de la série : c’est la représentation dynamique, appétitive et motrice. Voilà l’idée du temps : vous aurez beau chercher dans votre conscience, vous n’y trouverez que ces deux groupes de représentations, les unes variables et diverses, les autres constantes et uniformes, dont le contraste interne au sein de l’appétit qui