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dissolution des religions.

III. — Outre les lois, le grand moyen d’action sur les races est l’éducation publique ; c’est par là qu’on agit le plus sur les idées et les sentiments. Il faudrait donc éclairer les esprits sur les conséquences désastreuses de la dépopulation : il faudrait, par tous les moyens possibles, susciter les sentiments de patriotisme, d’honneur, de devoir. On pourrait agir par l’instituteur, par le médecin, par le maire. On néglige trop une foule de ces moyens très pratiques d’instruction.

Il y a d’abord les conférences faites aux soldats. Des conférences d’une demi-heure avec des faits frappants, des exemples, un petit nombre de chiffres significatifs, pour-

    se créer une réputation dans l’art de l’avortement, et des dames de divers pays y viennent pour se faire avorter. « Un des professeurs de notre école a dit cette année, en plein cours, qu’une sage-femme lui avait avoué faire en moyenne cent avortements par an. » Dr  Verrier, Revue scientifique. 21 juin 1881). Pajot affirme que le chiffre des avortements est plus grand que celui des accouchements. Ne serait-il pas possible de remédier en partie à cet état de choses : 1o par le rétablissement des tours ; 2o par une surveillance plus constante sur les livres et les cabinets des sages-femmes et des accoucheurs, analogue à celle qui est exercée à Paris sur les logements garnis ?

    Parmi les principales raisons qui empêchent les mariages, mentionnons les formalités, déjà beaucoup trop compliquées quand il s’agit de deux individus français, et qui deviennent sans nombre quand un français et un étranger sont en question. La loi relative au mariage entre français devrait étre simplifiée le plus possible, afin que le temps perdu, l’ennui causé par les démarches ne pussent point entrer en considération. De plus, on devrait faire les plus grands efforts pour faciliter les mariages entre français et étrangers, unions dont les résultats sont généralement bons pour la race et qui rencontrent des obstacles dans les lois très arriérées de certains pays ; cette dernière question rentre dans le ressort de la diplomatie.

    D’autres causes que la loi peut moditier, agissent encore en France, sinon pour diminuer la natalité, du moins, — ce qui revient au même, — pour augmenter la mortalité des enfants. En premier lieu il faut compter l’industrie des nourrtws, qui pourrait être l’objet d’ume surveillance beaucoup plus grande encore qu’elle ne l’est depuis la loi Roussel. En second lieu, la situation déplorable où se trovent les enfants illégitimes sur lesquels la mortalité est beauconp plus grande en France que dans les autres pays : une partie est inscrite au nombre des morts-nés par suite de crimes non constatés que les statistiques médicales rendent pourtant probables ; une autre partie meurt de faim dans la seconde semaine de la naissance, par suite de la négligence ou de la cruauté des mères. Le rétablissement des tours serait encore ici un premier remède. En troisième lieu mentionnons la mortalité exceptionnelle qui frappe en France les adultes de 20 à 25 ans, et qui ne saurait guère avoir d’autre cause que l’administration inintelligente de l’armée. C’est sur tous les points à la fois que le politique, le législateur, l’administrateur, doivent porter leur attention pour lutter contre le courant qui entraîne la dépopulation de la France.