Page:Guyau - L’Irréligion de l’avenir.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
237
la religion et l’irréligion chez l’enfant.

On a dit avec M. Laboulaye qu’un professeur d’histoire des religions devrait être à la fois archéologue, épigraphiste, numismate, linguiste, anthropologiste, versé dans les antiquités hindoues, phéniciennes, slaves, germaniques, celtes, étrusques, grecques et romaines, n’être enfin rien moins qu’un Pic de la Mirandole. Avec de tels arguments on pourrait montrer aussi qu’il est impossible d’enseigner dans les écoles et collèges l’histoire naturelle ou l’histoire politique de sept ou huit nations, peut-être même d’apprendre à lire aux enfants (l’art de lire est si difficile quand on veut le pousser jusqu’au bout !) L’historien des religions a-t-il donc besoin de posséder toutes les sciences historiques ? Il n’a pas à découvrir des matériaux nouveaux, il a simplement à se servir de ceux que les philologues et les épigraphistes ont mis à sa disposition ; ces matériaux sont maintenant assez abondants et assez sûrs pour constituer le domaine d’un enseignement spécial. Il ne s’agit pas pour le maître d’approfondir tel ou tel coin particulier dans l’histoire générale des religions ; il s’agit simplement de fournir, en une ou deux années, aux étudiants de nos universités une vue d’ensemble sur le développement des idées religieuses dans l’humanité. Le professeur rencontrera sans doute quelques difficultés à aborder les questions religieuses, à cause de la passion qui s’attache toujours à ce genre de problèmes, mais le même inconvénient se rencontre dans les autres cours qui touchent aux questions contemporaines ; et ils y touchent presque tous. Le professeur d’histoire doit raconter les faits politiques contemporains, constater en France les changements successifs de la forme du gouvernement, etc. Le professeur de philosophie doit traiter les questions de théodicée, de morale ; même dans la pure psychologie, il doit apprécier les théories malériahstes et déterministes. Il n’est pas jusqu’au simple professeur de rhétorique ou de seconde qui ne doive, à propos de la littérature, à propos de Voltaire, du dix-huitième et du dix-neuvième siècles, toucher à des questions souvent brûlantes. De même, le professeur des écoles de droit peut, en enseignant le Code, trouver cent façons de louer ou de blâmer, de faire la critique des lois de l’État.

    Perse, etc.) ; des religions de l’Égypte, de l’Assyrie, de la Phénicie ; de l’islamisme ; enfin il consacrerait tout son effort à la critique du judaïsme et des origines du christianisme, à l’histoire rfes principaux dogmes chrétiens et de leur évolution.