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CHAPITRE III
DISSOLUTION DE LA MORALE RELIGIEUSE




I. — Premier élément durable de la morale religieuse : le respect. — Altération du respect par l’idée de la crainte de Dieu et de la vengeance divine.
II. — Deuxième élément durable de la morale religieuse : l’amour. — Altération de cet élément par les idées de grâce, de prédestination, de damnation. — Éléments caduques de la morale religieuse. — La mysticité. — Antagonisme de l’amour divin et de l’amour humain. — L’ascétisme. — Excès de l’ascétisme, surtout dans les religions orientales. — L’idée du péché pour l’esprit moderne.
III. — Le culte intérieur et la prière. — L’idée de la prière au point de vue de la science moderne et de la philosophie. — l’extase. — Ce qui restera de la prière.


Après avoir vu la dissolution des dogmes et des symboles religieux, nous devons rechercher ce que devient de nos jours la morale religieuse, qui s’appuyait sur ces dogmes et sur la foi. Il y a dans la morale religieuse des éléments durables, d’autres caduques, qui se distinguent et s’opposent entre eux de plus en plus par le progrès des sociétés humaines. Les doux éléments stables de la morale religieuse, dont nous devons nous occuper d’abord, sont le respect et l’amour ; ce sont les éléments mêmes de toute morale, ceux qui ne sont point liés à la forme mythique ou symbolique et qui s’en séparent progressivement.


I. — Kant a fait du respect le sentiment moral par excellence ; la « loi morale, » d’après lui, est une loi de « respect, » non d’amour, et c’est îà ce qui lui donne un