I. — LOIS QUI RÈGLENT LA SOCIÉTÉ DES DIEUX
ET DES HOMMES
Nous sommes aujourd’hui portés à voir surtout dans la religion la morale, depuis que Kant a fait de l’éthique le but et l’unique fondement de toute véritable idée de Dieu. Il n’en était point ainsi à l’origine. D’après ce que nous avons vu dans les chapitres précédents, la religion a été d’abord une explication physique des événements, surtout des événements heureux ou terribles pour l’homme, au moyen de causes agissant pour une fin, comme la volonté humaine : c’était donc à la fois une explication par les causes efficientes proprement dites et par les causes finales : la théologie a été un développement de la téléologie primitive. L’homme s’est placé, par l’imagination, en société avec des êtres bienfaisants ou malfaisants, d’abord visibles et tangibles, puis de plus en plus invisibles et séparés des objets qu’ils hantent : voilà, avons-nous dit, le début de la religion. Celle-ci n’a été d’abord que l’agrandissement de la société, l’explication des choses par des volontés analogues aux volontés avec lesquelles l’homme vit, mais d’un autre ordre et d’un autre degré de puissance.