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PRÉFACE DE L’AUTEUR





La tâche la plus haute du dix-neuvième siècle a été, semble-t-il, de mettre en relief le côté social de l’individu humain et en général de l’être animé, qui avait été trop négligé par le matérialisme à forme égoïste du siècle précédent. Le système nerveux n’apparaît plus aujourd’hui que comme le siège de phénomènes dont le principe dépasse de beaucoup l’organisme individuel : la solidarité domine l’individualité. Le dix-huitième siècle s’était achevé avec les théories égoïstes d’Helvétius, de Volney, de Bentham, correspondant au matérialisme encore trop naïf de La Mettrie et même de Diderot : c’était la science qui commençait, et qui s’en tenait encore aux surfaces. La chimie ne faisait que naître avec Lavoisier ; la vraie physiologie était encore à venir : on ne cherchait guère alors à pénétrer dans l’intérieur de l’organisme, à sonder la cellule vivante ou l’atome, encore moins la conscience. Le dix-neuvième siècle n’a pas