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l’art au point de vue sociologique.


Jamais ne s’interrompt et ne pâlit jamais ;
Elle sort des noirceurs, elle éclate aux sommets ;
La haine est de la nuit, l’ombre est de la colère ;
Elle fait cette chose inouïe, elle éclaire.


L’idée du bien est donc la lumière sacrée du monde :


Tout la possède, et rien ne pourrait la saisir ;
Elle s’offre immobile à l’éternel désir.
Et toujours se refuse et sans cesse se donne[1].


L’affirmation de Dieu n’est, en définitive, que le cri de la conscience morale :


Il est ! il est ! Regarde, âme. Il a son solstice,
La conscience ; il a son axe, la justice[2].


Au lieu de chercher raisonnements sur raisonnements et de bâtir systèmes sur systèmes,


Il faudrait s’écrier : J’aime, je veux, je crois[3] !

Ce Dieu, je le redis, a souvent dans les âges
Subi le hochement de tête des vieux sages ;
.................
Soit. Mais j’ai foi. La foi, c’est la lumière haute.
Ma conscience en moi, c’est Dieu que j’ai pour hôte.
Je puis, par un faux cercle, avec un faux compas.
Le mettre hors du ciel, mais hors de moi, non pas.
Si j’écoute mon cœur, j’entends un dialogue.
Nous sommes deux au fond de mon esprit, lui, moi.


Comme pour Kant, le devoir est pour Hugo une sorte de dette contractée par Dieu envers l’homme :


En faisant ton devoir, tu fais à Dieu sa dette[4].

La nature s’engage envers la destinée ;
L’aube est une parole éternelle donnée.
.................
Marche au vrai. Le réel, c’est le juste


Selon Hugo, il n’y a en nous qu’une chose, une seule, qui puisse être complète, absolue à sa manière, inconditionnelle et adéquate : c’est l’idée du devoir, avec cette volonté de la réaliser qui est la justice :

  1. Religions et religion (Conclusion).
  2. Ibid. (Conclusion).
  3. L’Âne.
  4. L’Année terrible, p. 319.