cela, d’une part, sans faire intervenir aucune idée mystique, d’autre part, sans invoquer avec Bain « la contrainte » extérieure et sociale ou la « crainte » intérieure. Non, il suffit de considérer les directions normales de la vie psychique. On trouvera toujours une sorte de pression interne exercée par l’activité elle-même dans ces directions ; l’agent moral, par une pente naturelle et rationnelle tout ensemble, se sentira poussé dans ce sens, et il reconnaîtra qu’il lui faut faire une sorte de coup d’état intérieur pour échapper à cette pression : c’est ce coup d’état qui s’appelle la faute ou le crime. En le commettant l’individu se fait tort à lui-même : il dimmue et éteint volontairement quelque chose de sa vie physique ou mentale.
L’obligation morale, qui a son principe dans le
fonctionnement même de la vie, se trouve par là avoir son principe
plus avant que la conscience réfléchie, dans les
profondeurs obscures et inconscientes de l’être, ou, si l’on
préfère, dans la sphère de la conscience spontanée et
synthétique. Le sentiment d’obligation naturelle peut se ramener
en grande partie à cette première formule : — Je constate
en moi par la conscience réfléchie des pouvoirs et des
modifications qui ne viennent pas d’elle, mais jusque du
fond inconscient ou subconscient de moi-même, et qui me
poussent dans telle direction déterminée. À travers la
sphère lumineuse de la conscience passent ainsi des rayons
partis du foyer de chaleur obscure qui constitue la vie
intérieure.
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